« On apprend beaucoup en allant là où, a priori, on n’a rien à faire »

On apprend

Publié le : 27 janvier 20174 mins de lecture

Quand j’ai foulé le sol de Casablanca, je m’attendais à voir une ville propre ; aussi blanche que son nom originel pouvait l’évoquer !

Casa, j’ai été marqué par la vigueur de tes contrastes.

Tes femmes sont voilées alors que d’autres affichent sans ambages leur charme. Et puis socialement, chez toi, la position de l’homme et celle de la femme sont encore bien distinctes, n’est-ce pas ?Dans tes souks, lors de mes conversations simples et spontanées avec tes bédaouis ; j’ai vu qu’ils aimaient « briller » et « flatter ». Si je m’étais laissé faire, ils m’auraient vendus leur étal en entier : pas d’état d’âme en fait !Tes souks ! Improbables « corridors » où les odeurs d’épices s’entremêlent à celles de l’insalubrité, de la promiscuité. Mais c’est vrai qu’ils sont éclatants de couleurs et d’odeurs fortes ces souks ; cela doit aider les Tiens à y vivre !Tes coucous et tes tajines rassemblent dans tes restaurants mais on y fume trop aussi ; que ceux qui en sont gênés aillent ailleurs.Et puis, es-tu sûre que les Tiens sont heureux chez toi ?J’ai eu le sentiment que tous les travaux commencés ne seraient jamais finis ! Tu as des quartiers dans le chaos et la misère pendant que d’autres « exposent » leurs aisances financières. Certains de tes enfants errent tardivement dans tes rues … Tes bidonvilles sont présents au pied des immeubles les plus beaux ou encore en construction.Je me suis demandé si vous aimiez la Vie et vos proches aussi : taxis rouges ou taxis blancs, tous le même credo : téléphone à la main et l’autre sur le klaxon ! Mieux vaut avoir des talents de matador pour réussir à sortir vivant d’une « traversée d’avenue » : les passages piétons ne servent à rien, seuls l’agilité et le courage comptent.

Je suis alors rentré chez moi et j’ai compris.

J’ai compris que l’individualité avec laquelle je vis dans ma ville est pire que 2 Marocains qui échangent un discours passionné en « s’engueulant » : au moins, ils se parlent « vrai » !J’ai compris que même voilées, tes femmes sont belles ; les nôtres ne portent pas le voile mais parfois, parce qu’elles ne parlent pas, t’ignorent ou te snobent pour te séduire, finalement, ne masquent-elles pas leur beauté ?J’ai compris que nos marchés n’ont rien à envier aux vôtres : on y parle, on y troque, on y sent des odeurs … c’est juste plus aseptisé ! Chez toi Casa, c’est authentique !J’ai compris que la fumée de cigarette, même à l’extérieur, pouvait chez nous déranger alors que celle d’un narguilé était un code de vie, un vrai moment de partage.J’ai compris que tes bidonvilles n’étaient pas pires que nos SDF qui viennent de mourir de froid ces jours-ci.J’ai enfin compris que vous prenez la Vie encore simplement, comme elle vient.Fais attention quand même à tes enfants, c’est la 1ère ressource de ton pays et tu en auras besoin pour satisfaire le potentiel économique qui émerge de chez toi : Inch’Allah !

Merci pour cette semaine passée chez toi Casa, merci pour cette leçon d’humilité, je reviendrai avec les miens ! »

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